Le conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande persiste depuis des décennies, avec des tensions qui éclatent sporadiquement. Ce différend territorial concerne des zones comme le temple de Preah Vihear, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. En juillet 2025, des combats armés ont provoqué près de 40 morts et déplacé environ 300 000 personnes. Ces incidents rappellent les origines historiques liées à la période coloniale française et aux délimitations imprécises. La Cour internationale de justice a statué en 1962 et 2011, accordant le temple au Cambodge sans clarifier pleinement les terrains adjacents. La reprise des hostilités en décembre 2025, à partir du 7 décembre, marque une escalade majeure avec des frappes aériennes thaïlandaises et des tirs d’artillerie, causant au moins 19 civils cambodgiens tués et plus de 500 000 déplacés. Ce cycle de violence reflète un nationalisme accru et des rivalités internes, impactant la stabilité de l’Asean et les relations avec la Chine et les États-Unis.
Histoire du litige frontalier
Les racines coloniales
La frontière entre le Cambodge et la Thaïlande trouve ses origines dans les traités signés au début du XXe siècle entre la France, puissance coloniale au Cambodge, et le Siam, ancien nom de la Thaïlande. En 1907, un accord délimite la ligne frontalière, mais des cartes imprécises et des interprétations divergentes laissent des zones grises. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Thaïlande profite de la faiblesse française pour annexer des territoires cambodgiens, qu’elle restitue ensuite sous pression internationale. À l’indépendance du Cambodge en 1953, ces ambiguïtés persistent et deviennent sources de friction.
Les deux pays, voisins en Asie du Sud-Est, partagent une histoire commune influencée par l’empire khmer, qui dominait la région au Moyen Âge. Des revendications culturelles et historiques alimentent les suspicions mutuelles. La Thaïlande voit dans certains sites cambodgiens des vestiges de son propre passé, tandis que le Cambodge accuse Bangkok de viser une expansion territoriale.
Le rôle du temple de Preah Vihear
Construit au XIe siècle, le temple de Preah Vihear se dresse sur une falaise dominant la plaine cambodgienne. En 1954, la Thaïlande occupe le site, poussant le Cambodge à porter l’affaire devant la Cour internationale de justice. En 1962, la CIJ tranche en faveur du Cambodge, basant sa décision sur les cartes coloniales. Malgré cela, des troupes thaïlandaises restent présentes jusqu’en 1963.
En 2008, l’inscription du temple au patrimoine mondial ravive les tensions. Des manifestations nationalistes en Thaïlande mènent à des échanges de tirs en 2008 et 2011, faisant des dizaines de victimes. La CIJ intervient à nouveau en 2011, ordonnant une zone démilitarisée temporaire et confirmant en 2013 la souveraineté cambodgienne sur le temple, sans régler pleinement les 4,6 km² environnants.
Les affrontements de juillet 2025
Juillet 2025 marque un nouveau chapitre violent dans ce conflit. Le 24 juillet, des escarmouches éclatent près de Preah Vihear et d’autres zones contestées comme Ta Moan et Ta Krabey. Les forces cambodgiennes et thaïlandaises s’accusent mutuellement d’incursions. En cinq jours, les combats font près de 40 morts, dont des civils, et forcent 300 000 personnes à fuir.
Ce regain de violence survient après des mois de tensions. Des incidents mineurs, comme des jets de pierres à la frontière, dégénèrent en tirs d’artillerie. Les médias des deux pays amplifient les récits nationalistes, accusant l’autre camp d’agression. Un cessez-le-feu est annoncé le 28 juillet, mais la méfiance persiste.
Facteurs déclencheurs
Des dynamiques internes jouent un rôle clé. Au Cambodge, le gouvernement de Hun Sen utilise le conflit pour consolider son pouvoir face à des oppositions internes. En Thaïlande, les tensions frontalières distraient de problèmes économiques et politiques, comme les scandales impliquant la famille Shinawatra.
Des intérêts économiques entrent en ligne de compte. La région contestée abrite des ressources potentielles en pétrole et gaz, bien que non exploitées. Le tourisme autour de Preah Vihear souffre des instabilités, impactant les économies locales.
La reprise des hostilités en décembre 2025
Le 7 décembre 2025, un accrochage frontalier relance les combats, avec des échanges d’artillerie et des frappes aériennes thaïlandaises. Le Cambodge accuse la Thaïlande d’avoir bombardé un centre de casinos et un entrepôt d’armes, tandis que Bangkok dénonce des tirs de roquettes cambodgiens. Au 21 décembre, les affrontements ont causé au moins 19 civils tués au Cambodge, un civil en Thaïlande, et déplacé plus de 500 000 personnes des deux côtés. Des forces thaïlandaises ont pénétré en territoire cambodgien, occupant des villages comme Thmor Da, et la marine thaïlandaise envisage un blocus dans le golfe de Thaïlande pour couper les approvisionnements en carburant.
Les combats s’étendent de la frontière terrestre à des zones maritimes, avec des destructions de ponts et d’infrastructures civiles. Le Cambodge rapporte des attaques sur des écoles et des villages, qualifiant les actions thaïlandaises de violations du droit international. La Thaïlande justifie ses opérations par des besoins de sécurité, accusant le Cambodge de poser des mines et d’utiliser des sites historiques comme positions militaires.
Événements clés de décembre
Le 8 décembre, une frappe aérienne thaïlandaise touche O’smach, tuant un civil. Les jours suivants voient des bombardements intenses, avec des roquettes cambodgiennes ripostant. Le 16 décembre, la Thaïlande exige un cessez-le-feu unilatéral du Cambodge avant toute négociation. Des évacuations massives touchent plus d’un demi-million de personnes, aggravant la crise humanitaire. Le 20 décembre, la marine thaïlandaise ouvre le feu en mer, marquant une extension du conflit.
Des initiatives diplomatiques émergent : une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’Asean est prévue le 22 décembre à Kuala Lumpur. La Chine envoie un émissaire pour médiatiser, tandis que les États-Unis surveillent la situation et émettent des alertes de sécurité.
Conséquences géopolitiques
Ce conflit affecte l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean). Fondée sur le principe de non-ingérence, l’organisation peine à faire la médiation, révélant ses limites face aux disputes territoriales. En 2011, l’Indonésie avait tenté une médiation, sans succès durable.
Des puissances extérieures observent de près. La Chine, allié du Cambodge, fournit un soutien militaire, tandis que la Thaïlande maintient des liens étroits avec les États-Unis. Ce litige pourrait influencer les équilibres en mer de Chine méridionale, où des revendications similaires opposent Pékin à ses voisins.
Impacts humains et économiques
Les populations frontalières subissent les retombées. Des villages entiers se vident lors des flambées de violence, avec des écoles fermées et des champs abandonnés. Les réfugiés s’entassent dans des camps improvisés, aggravant les crises humanitaires. Au 21 décembre 2025, le bilan humain inclut au moins 50 morts, dont 21 soldats et 12 civils cambodgiens.
Sur le plan économique, le commerce bilatéral, évalué à plusieurs milliards de dollars, ralentit. Les investissements étrangers hésitent face à l’instabilité, freinant le développement régional. Le tourisme, vital pour Siem Reap et Angkor Wat, souffre des bombardements proches.
Conseils pour les touristes français
Les touristes français prévoyant un voyage au Cambodge ou en Thaïlande doivent éviter toute la zone frontalière jusqu’à 50 km de part et d’autre, en raison des affrontements armés persistants et des frappes aériennes imprévisibles. Les autorités françaises déconseillent formellement les déplacements dans ces régions rouges, y compris les sites touristiques comme Preah Vihear, Ta Moan Thom ou Ta Krabey. La frontière terrestre reste fermée indéfiniment depuis juin 2025, obligeant à privilégier les liaisons aériennes pour entrer ou sortir des pays. Ceux déjà présents dans les zones affectées quittent les lieux sans délai et contactent l’ambassade de France à Phnom Penh ou Bangkok. Suivez les mises à jour sur le site du Ministère des Affaires étrangères français et les pages des ambassades, adoptez un comportement discret, sécurisez passeports et objets de valeur pour minimiser les risques de vol, et évitez les manifestations ou rassemblements politiques.
Voies vers la résolution
Des négociations bilatérales se poursuivent, bien que sporadiques. En 2023, un accord sur la démarcation partielle de la frontière est signé, mais sa mise en œuvre traîne. La CIJ reste une option, mais les deux pays préfèrent des solutions asiatiques.
L’Asean pourrait renforcer son rôle via des mécanismes de prévention des conflits. Des initiatives locales, comme des échanges culturels, visent à apaiser les rancunes historiques. Avec la réunion du 22 décembre, une désescalade pourrait émerger, mais les accusations mutuelles compliquent le processus.
- 1953 : Indépendance du Cambodge et premiers litiges frontaliers.
- 1962 : Décision de la CIJ en faveur du Cambodge pour Preah Vihear.
- 2008 : Inscription Unesco et premiers affrontements modernes.
- 2011 : Zone démilitarisée ordonnée par la CIJ.
- 2025 (juillet) : Affrontements causant 40 morts.
- 2025 (décembre) : Reprise des combats, 19 civils tués au Cambodge.
| Année | Événement clé | Conséquences |
|---|---|---|
| 1907 | Traités franco-siamois | Tracés frontaliers imprécis |
| 1962 | Arrêt de la CIJ | Souveraineté cambodgienne sur le temple |
| 2008-2011 | Affrontements armés | Dizaines de morts, intervention internationale |
| 2025 (juillet) | Escarmouches de juillet | 40 morts, 300 000 déplacés |
| 2025 (décembre) | Reprise des hostilités | 50 morts, 500 000 déplacés |
La frontière entre le Cambodge et la Thaïlande reste un point sensible en Asie du Sud-Est. Tant que les ambiguïtés territoriales persistent, le risque de nouveaux incidents demeure. Une résolution durable nécessitera un dialogue soutenu et une volonté politique forte des deux côtés. Les leçons du passé montrent que l’ignorance des griefs historiques mène à des cycles de violence. Pour l’avenir, une coopération accrue dans des domaines comme l’environnement et le commerce pourrait atténuer les tensions. Au 21 décembre 2025, les combats continuent, soulignant l’urgence d’une médiation efficace.

